Transition écologique : pour la Cour des comptes, l’inaction coûtera cher à l’État

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Pour la Cour de comptes, la France est en retard sur ses objectifs climatiques, avec un pilotage inefficace, un financement insuffisant et un manque de cohérence territoriale.

La Cour appelle à une action plus ambitieuse, coordonnée et équitable, sous peine de coûts bien plus élevés à l’avenir.

Ici, la synthèse du rapport : https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2025-09/20250916-synthese-Transition-ecologique.pdf

Objectifs et résultats

La France s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone en 2050. Pourtant, malgré une baisse de 30 % des émissions depuis 1990, le rythme actuel est insuffisant et s’est même ralenti ces dernières années. La Cour des comptes souligne que l’objectif de neutralité carbone en 2050 devient de plus en plus incertain.

Nouveau suivi annuel ayant pour objectif est de fournir un outil d’analyse critique, alors que le pilotage de ces politiques reste brouillon et les résultats très en deçà des attentes.

Détérioration environnementale

La situation est préoccupante : la biodiversité décline (-31 % d’oiseaux communs depuis 1989), l’artificialisation des sols se poursuit et la capacité d’absorption du carbone par les forêts diminue. Par ailleurs, l’adaptation au changement climatique accuse un retard alarmant, alors que ses effets se multiplient.

Problèmes de pilotage et de coordination

Les politiques publiques sont jugées dispersées, sectorielles et mal articulées. Le Secrétariat général à la planification écologique, affaibli depuis l’arrivée de Gabriel Attal à Matignon, doit retrouver son rôle central pour assurer la cohérence et l’efficacité des actions. La Cour des comptes insiste sur la nécessité de prioriser les politiques les plus efficaces.

Indicateurs insuffisants

La France ne mesure pas assez finement sa trajectoire réelle, notamment son empreinte carbone (émissions liées aux importations). Avec la désindustrialisation, cette empreinte a augmenté, ce qui relativise fortement la baisse apparente des émissions nationales.

Financement et investissements

Pour atteindre la neutralité carbone, il faudrait doubler les investissements actuels d’ici 2030, soit mobiliser 110 milliards d’euros supplémentaires (publics et privés). Selon la Banque de France, l’inaction coûterait 11 points de PIB d’ici 2050, bien plus que l’effort nécessaire aujourd’hui.

Cohérence territoriale

Les politiques nationales ne sont pas toujours bien déclinées au niveau local.

Fiscalité et réglementation

La Cour des comptes recommande de renforcer la fiscalité écologique (principe pollueur-payeur), de supprimer les niches fiscales pour les énergies fossiles et de clarifier les règles pour attirer les investissements privés. Elle rappelle aussi que la transition doit être socialement juste, pour éviter un rejet comme celui des Gilets jaunes.